Les communautés autochtones vivent depuis des milliers d’années. Les estimations varient selon les régions et les peuples, mais les preuves archéologiques suggèrent que les premiers habitants sont arrivés il y a entre 15 000 et 25 000 ans, voire plus tôt. Leurs langues constituent une part essentielle de leur patrimoine et de leur identité. Ces langues, bien que souvent menacées par la modernisation et les anciennes politiques d’acculturation forcée, continuent d’être parlées et enseignées au cœur des communautés autochtones du Grand Nord.
Selon la Commission de vérité et réconciliation du Canada (2015), les politiques colonialistes et les pensionnats autochtones ont causé des dégâts intergénérationnels de génocide culturel en tentant de détruire les cultures et langues autochtones. Pour remédier à cette situation, la Loi sur les langues autochtones de 2019 a été adoptée pour préserver, promouvoir et revitaliser les langues autochtones au Canada, soutenant les peuples autochtones dans leurs efforts de réappropriation et de renforcement linguistique.
Au travers de cet article, nous souhaitons t’offrir un aperçu de cette fascinante diversité linguistique.
La présence des peuples autochtones sur les terres aujourd’hui connues comme le Canada remonte à des milliers d’années, bien avant l’arrivée des explorateurs européens. Les estimations varient selon les régions et les peuples, mais les preuves archéologiques suggèrent que les premiers habitants sont arrivés il y a entre 15 000 et 25 000 ans, voire plus tôt.
Différentes langues sont parlées dans le Grand Nord
Au Canada, on dénombre plus de 70 langues autochtones distinctes parlées par les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Ces langues appartiennent à 12 familles linguistiques, dont les plus importantes sont l’algonquienne, l’iroquoienne, athapascaine et salishenne.
Voici un aperçu des langues autochtones que tu pourrais avoir la chance d’entendre, voire de pratiquer si tu partais en mission dans le Grand Nord.
- Inuktitut
- Régions : Principalement parlé au Nunavik, qui comprend 14 communautés inuites, au Nunavut et dans une partie du Labrador.
- Origines : L‘Inuktitut est l’une des langues les plus parlées dans l’Arctique canadien et fait partie de la famille des langues inuito-aléoutes. Elle est écrite en syllabique ou en alphabet latin. Elle est parlée depuis des millénaires et comporte des traces d’autres langues inuites remontant à près de 4 000 ans.
- Nombre de locuteurs : Environ 12 000 personnes parlent l’Inuktitut au Nunavik.
- Savais-tu que?
- L’Inuktitut possède un système d’écriture unique appelé syllabique. Il a été développé par des missionnaires anglicans au 19e siècle pour faciliter la traduction de la Bible.
- L’Inuktitut possède une grande richesse lexicale pour décrire les conditions météorologiques liées à la neige ou à la glace mais aussi pour différencier les différentes espèces de phoques.
- Les Inuits adoptent souvent des noms de famille basés sur des prénoms, une pratique influencée par les missionnaires européens.
- Dans la culture inuite de nombreux récits, mythes et légendes sont transmis exclusivement par la parole.
- Pratique l’Inuktitut!
- Qanirauq : Neige qui commence à se transformer en glace fondante,
- Sikuliak : Nouvelle glace formée sur la mer,
- Pukak : Neige poudreuse très fine et légère,
- Aputi : Neige sur le sol.
- Déné
- Régions : Territoires du Nord-Ouest, Yukon, Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan et Manitoba.
- Origines : Les langues dénées font partie de la famille des langues na-dené, qui inclut aussi le tlingit et selon certaines hypothèses, le eyak, qui est une langue maintenant disparue. Les langues na-dené sont parmi les plus anciennes en Amérique du Nord. Elles sont parlées dans une large région, allant de l’Alaska au Canada et jusqu’au sud-ouest des États-Unis. Ces langues sont importantes pour comprendre l’histoire et les traditions des peuples autochtones, ainsi que leurs migrations et interactions à travers les siècles.
- Nombre de locuteurs : Environ 13 000 personnes parlent une des langues dénées.
- Savais-tu que?
- Les langues dénées sont riches en vocabulaire spirituel et cérémonial, reflétant leurs profonds liens avec la nature.
- Les changements environnementaux ont un impact direct sur le vocabulaire, notamment pour les termes liés à la faune et à la flore.
- Les langues dénées contiennent une vaste connaissance écologique, utile pour la gestion durable des ressources naturelles.
- Pratique le Déné!
- Ts’įn’įį : Vie, souffle vital,
- Sahka : Hache ou outil de coupe,
- Tl’ı̨chǫ : Peuple, souvent utilisé pour désigner les Dogrib,
- Xǫ́ǫx : Corbeau, un animal totem important,
- Náhą : Terre, monde naturel.
- Crie
- Régions : Parlé dans la région de la Baie-James, qui inclut des communautés comme Chisasibi, Waskaganish, Wemindji, Eastmain, Mistissini, Nemaska, Waswanipi, Oujé-Bougoumou, et Whapmagoostui.
- Origines : La langue crie est l’une des langues algonquiennes les plus parlées au Canada. Ses origines remontent à plusieurs milliers d’années, bien avant l’arrivée des Européens en Amérique du Nord. Les Cris sont un peuple autochtone qui habite une vaste région s’étendant du nord du Québec jusqu’aux prairies de l’ouest canadien.
- Nombre de locuteurs : Environ 12 000 personnes parlent le Cri dans le nord du Québec.
- Savais-tu que?
- Le cri est divisé en plusieurs dialectes dont le cri de la Baie-James qui est l’un des plus parlés dans le nord du Québec.
- Le cri intègre facilement de nouveaux mots pour des concepts modernes, tout en conservant ses racines traditionnelles.
- Les Cris du Québec ont mis en place plusieurs initiatives pour revitaliser et préserver leur langue. Les écoles de la Baie-James offrent des cours de cri et des matériaux éducatifs pour soutenir l’apprentissage de la langue.
- Pratique le Cri!
- Wâpan : Aube ou lever du soleil,
- Tipiskâw : Nuit,
- Niskâ : Oie sauvage,
- Miyoskamin : Printemps.
- Langues des Premières Nations
- Régions : La situation des langues autochtones dans le monde reste fragile mais nous avons la chance que plusieurs langues autochtones soient encore parlées de nos jours. L’Inuvialuktun de l’Arctique canadien, le Naskapi du Kawawachikamach et l’Innu-Aimun des communautés Matimekush-Lac John et Schefferville au nord du Québec sont regroupés ici.
- Origines : Les langues des Premières Nations existent depuis des millénaires. Elles ont évolué à travers les traditions orales et les contacts avec les Européens. Le Naskapi et l’Innu-aimun utilisent des systèmes d’écriture syllabique introduits par des missionnaires au 19e siècle ce qui a permis de faciliter leur conservation et leur transmission.
- Nombre de locuteurs : Seules 1 000 personnes parlent le Naskapi, 3 000 l’Inuvialuktun et 12 000 l’Innu-Aimun.
- Savais-tu que?
- Les Premières Nations utilisent des descriptions orales détaillées pour naviguer et cartographier leur territoire. Par exemple, les Innus utilisent des récits pour décrire des routes, des cours d’eau et des points de repère naturels.
- Les chants de gorge, tels que ceux pratiqués par les Inuits et les Innus, sont une forme unique d’expression musicale qui joue un rôle important dans les cérémonies et les rassemblements sociaux. Ces chants imitent les sons de la nature et des animaux, créant une connexion profonde avec l’environnement et les ancêtres.
- Pratique les langues des Premières Nations !
- Uqsuqtuq – Inuvialuktun: un endroit où la neige est abondante, souvent associé aux régions arctiques ou montagneuses.
- Iglu – Inuvialuktun: Maison de neige,
- Inuksuk – Inuvialuktun: Structure de pierres empilées utilisée comme repère,
- Kâpâshîsh – Naskapi: Enfant,
- Pîsim – Naskapi: Lune,
- Shipeku – Innu-Aimun: Rivière,
- Tipâshimûn Innu-Aimun: Histoire ou conte.
Quelle est la place du français et de l’anglais dans le Grand Nord ?
Dans les territoires comme le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon, ainsi que dans certaines parties du nord du Québec (Nunavik), l’anglais et le français ont une place importantes.
L’anglais est la langue principale qui est la plus largement utilisée dans les villes, les administrations gouvernementales et les commerces.
Dans ces régions, l’anglais est enseigné dans les écoles et largement compris par la population, en particulier dans les zones plus urbanisées.
Comme tu le sais, le français est également une langue officielle au Canada. Grâce à cela, il est présent dans certaines parties du Grand Nord, et notamment au Nunavik. Il est utilisé dans les institutions gouvernementales, les écoles et les services publics, en complément de l’Inuktitut. Cette cohabitation linguistique permet de préserver leur culture et les traditions inuits tout en respectant et en valorisant la langue officiel.
Pour les infirmiers.ères en rôle élargi (RE), très peu de régions desservies sont francophones, ce qui demande d’avoir un niveau fonctionnel en anglais pour partir en mission. En revanche, pour les mandats infirmiers classique et personnel en soin de santé, la nécessité de maîtriser l’anglais varie selon les régions. Par exemple, en Gaspésie, en Abitibi et au Saguenay, l’anglais n’est pas prioritaire, mais dans d’autres régions, l’exigence de parler anglais dépend de la ville ou de la communauté.
Quelle est la place de la communication non verbale dans le Grand Nord
Lors d’une mission au cœur d’une communauté Inuit, tu pourras également être amené.e à découvrir la communication non verbale. En effet, elle occupe une place importante et elle est souvent utilisée pour transmettre des messages courts ou bien encore exprimer des émotions.
Voici quelques exemples qui pourraient être très utiles:
- “Bonjour”: un grand sourire sera pour te saluer.
- “Oui”: notre hochement de tête de haut en bas sera remplacé par un levé de sourcils que nous utilisons souvent pour manifester notre étonnement.
- “Non”: cette fois-ci lefois ci le hochement de tête de gauche à droite sera remplacé par un froncement du front, des yeux et du nez que nous utiliseronsutiliserions pour manifester un mécontentement.
- Pointer quelque chose: il sera pointé avec les lèvres plutôt qu’avec le doigt.
- Un haussement d’épaules signifiera quant à lui un “Je ne sais pas”.
- Un contact visuel sera utilisé pour établir une connexion et montrer un intérêt.
- Langue des signes: Dans certaines communautés autochtones des langues des signes peuvent être utilisées.
- Occupation de l’espace: Parfois certaines personnes peuvent aussi te démontrer une connexion ou une intention de partager en s’asseyant à proximité alors qu’à l’inverse si elles sont plus sur la réserve ou intimidées elles vont préférer s’asseoir à distance.
Il est donc très important lors des évaluations d’être attentif.ve à toutes les attitudes et les gestes de communication non verbale qui pourraient t’en apprendre beaucoup sur tes patients. Surtout dans les communautés où les personnes âgées et les enfants ne pratiquent que leur première langue autochtone, comme dans la communauté crie par exemple.
Communiquer avec les communautés autochtones en tant qu’infirmier.ère.s
En sommes, être infirmier.ère en rôle élargi dans le Grand Nord demande d’être sensible aux différences culturelles. Garde l’esprit ouvert, informe-toi et cherche à comprendre. Le toucher thérapeutique, par exemple, peut être mal perçu si la confiance n’est pas encore établie. N’hésite pas à t’aider de supports visuels pour transmettre des informations. Elles seront plus faciles à être assimilées et relues plus tard au besoin.
Les patients viennent souvent accompagnés d’une personne maîtrisant l’anglais, ce qui facilite beaucoup la communication. Sinon, on peut avoir recours à des traducteurs ou à un membre de la famille. Connaître quelques termes de base en langues autochtones et les garder à proximité pourra grandement aider et faciliter le développement d’un lien de confiance avec la communauté autochtone. N’hésite pas à télécharger notre guide “L’aventure du Grand Nord” pour en apprendre davantage sur nos valeurs chez Premier Soin Nordik et l’aventure qui pourrait t’attendre dans le Grand Nord.